Edition 3 – Journal La tête au soleil et les pieds dans l’eau
1948 à 1958
L‘édito de Fortuné Piche
« Ma femme est du Castellet et moi de La Cadière d’Azur.
Et pourtant, de toute mon enfance, je ne l’ai jamais croisé. Mais vous savez, à l’époque, les distances n’étaient pas les mêmes.
Il faut dire qu’après la guerre, je restais beaucoup dans mon village. J’avais pas vraiment de raisons d’en bouger. Avec mes collègues on avait nos endroits, nos habitudes. Comme un jeune de maintenant quoi !
Mais parfois on allait au Castellet, pour les fêtes de villages. A Vélo d’abord, et puis en camionnette. On avait une traction avant qui roulait au pétrole, « Y fallait bien se défendre hein !? ».
On y allait en bande, pour manger, pour boire un coup ou danser. Y’avait des orchestres, des bals populaires, des animations. On s’amusait bien. La guerre venait de se terminer, les gens étaient heureux. C’est là-bas que j’ai rencontré ma femme. Je l’ai vu de loin, elle était grande et avait des yeux bleus azur. C’était la plus belle de toutes. Elle est toujours aussi belle d’ailleurs.
On s’est marié en 1950. J’avais 22 ans et elle 20 ans. De suite après, je suis parti faire mon service militaire en Allemagne.
C’était l’occupation alliée, en pleine guerre froide. J’étais pas loin de la frontière, juste en dessous de Stuttgart, à Reutlingen, un joli village. Mais j’étais pas bien là-bas. J’avais qu’une envie, c’était de revenir chez moi. »
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