Edition 2 – Journal La tête au soleil et les pieds dans l’eau
1938 à 1948
L‘édito de Fortuné Piche
» Au début de la guerre j’avais 11 ans et j’étais gravement malade.
J’ai quand même passé mon certificat d’étude. Le jour où je l’ai obtenu, je suis arrivé chez moi, j’ai accroché mon certificat et j’ai pendu mon cartable dans le couloir, près de la cuisine. 50 ans après, mon cartable était toujours pendu à la même place, avec tous ses crayons et ses cahiers à l’intérieur. Je ne l’ai plus jamais retouché.
Je devais poursuivre mes études à l’école Rouvière de Toulon. Mais les Italiens avaient bombardé la ville. On envoie pas un enfant dans une ville qui a été bombardée. Et puis, la vérité, c’est que j’en avais marre de l’école. J’adore lire, mais si on me fait écrire une page, j’en ai pour une éternité. Par contre, je sais très bien compter. Ça oui ! Pour compter, je sais compter. J’ai fait ce que j’ai toujours voulu faire, vigneron. Et c’est mon grand père qui m’a appris tout ce que je sais.
On travaillait avec les bêtes, et les cépages n’étaient pas les mêmes. C’était les pharmaciens qui nous faisaient les analyses : L’acidité, les défauts…Du vin potable comme on disait. C’est à cette époque qu’on a commencé à faire du Bandol. Au début de l’appellation on faisait du Rosé. Mon grand-père l’appelait « Le Bastard ». Il était ni rouge, ni blanc…
Mais on l’aimait quand même. Je me souviens très bien du jour de l’Armistice. La veille j’étais allé labourer une parcelle avec le cheval. Le lendemain matin je me suis levé pour la finir, mais c’était plus long que prévu. Mon grand-père, qui était adjoint à la mairie de La Cadière, organisait une fête. Ma mère est venue me chercher. Elle a retourné la charrette et les outils pour que je m’arrête de travailler. Je suis monté au village à travers bois pour sonner les cloches et fêter la libération. J’avais 17 ans. «
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